Déclaration d’Africa 21 dans le cadre de la 5ème Session du Groupe intergouvernemental d’experts sur le financement du développement

Actualités – Africa 21
18 avril 2022  
Par Julien CHAMBOLLE

La 5ème Session du Groupe intergouvernemental d’experts sur le financement du développement de la CNUCED a eu lieu du 21 au 23 mars 2022 à Genève. Dans ce cadre, l’association Africa 21, qui a le statut d’Observateur auprès de cette organisation, a pris position dans le débat portant sur la mobilisation de la finance durable à la sortie de la crise du Covid-19 en produisant une déclaration.

Pour lire la version originale du texte en anglais, cliquez ici.

La traduction en français :

DÉCLARATION
Groupe intergouvernemental d’experts sur le financement du développement, CNUCED
5ème session, 21-23 mars 2022

Excellences, experts indépendants et gouvernementaux,
Mesdames et Messieurs,

Africa 21 est préoccupée par le fait que les implications mondiales de la guerre en Ukraine et l’impact économique de la pandémie aggravent un environnement mondial déjà fragilisé. Même avant l’apparition du COVID-19, l’économie mondiale était en proie à des incertitudes et à des défis importants dans la réalisation des ODD et la lutte contre les effets du changement climatique.

Les implications économiques mondiales de la guerre en Ukraine

Africa 21 partage la récente évaluation de la CNUCED sur la détérioration des perspectives de l’économie mondiale, en raison des impacts multiformes de la guerre en Ukraine, notamment la hausse des prix des denrées alimentaires, des carburants et des engrais, l’augmentation de la volatilité financière, le désinvestissement en matière de développement durable, la reconfiguration complexe de la chaîne d’approvisionnement mondiale et l’augmentation des coûts commerciaux.
Africa 21 est profondément préoccupée par les impacts actuels sur les pays africains et les pays les moins avancés, dont certains sont particulièrement exposés à la guerre en Ukraine et à ses effets sur les coûts commerciaux, les prix des matières premières et les marchés financiers.
Le risque de troubles sociaux, de pénuries alimentaires et de récessions induites par l’inflation ne peut être écarté, compte tenu notamment de la fragilité de l’économie mondiale et du monde en développement à la suite de la pandémie de COVID-19.

Une reprise post-pandémique
Soulignant qu’alors que les pays développés ont été en mesure d’injecter des stimuli financiers massifs – de plus de 17 000 milliards de dollars – Afrique 21 regrette que la plupart des pays en développement soient toujours en proie à la plus grave récession du siècle et n’aient pas été en mesure de générer les 4 300 milliards de dollars par an nécessaires à la reprise et à la réalisation des ODD pendant le reste de la décennie. En raison des difficultés économiques extrêmes, de la hausse de l’inflation, des flux financiers illicites et des difficultés d’accès aux financements concessionnels, Africa 21 prévient que de nombreux pays en développement ne seront pas en mesure de se remettre rapidement de la crise et d’atteindre les ODD d’ici 2030.
Soulignant que les gouvernements africains dépensent plus pour le service de la dette que pour la lutte contre la crise sanitaire et économique, Africa 21 appelle à des réformes de la gestion de la dette et des finances publiques pour maintenir l’accès au crédit commercial et assurer la viabilité de la dette à long terme.

Atteindre les ODD
Réaffirmant qu’il est important de donner la priorité à la transformation structurelle de l’économie pour un développement inclusif et axé sur les populations en Afrique afin de réaliser les ODD, Africa 21 est convaincue qu’une telle approche du développement nécessite : le développement d’un espace politique adéquat et de capacités productives, notamment par le développement des infrastructures ; la science, le développement technologique, le transfert et l’innovation ; la valeur ajoutée aux produits primaires.
Rappelant l’importance de la durabilité environnementale, Africa 21 souligne l’importance de relever les défis posés par le changement climatique, la désertification et la dégradation des sols, la sécheresse, la perte de biodiversité et la gestion durable des ressources naturelles.
Soulignant l’importance de promouvoir une architecture de gouvernance mondiale réactive et responsable, Afrique 21 appelle à une représentation complète et équitable des pays africains dans les institutions financières et économiques internationales.

Lutte contre le changement climatique
Regrettant qu’à ce jour, seuls 80 milliards de dollars sur les 100 milliards de dollars par an promis par les pays développés pour le financement climatique des pays en développement d’ici 2020 aient été respectés, dont seulement 18,5 milliards de dollars environ ont été fournis à l’Afrique sur 2016-2019 en moyenne annuelle, Africa 21 rappelle que le Groupe des négociateurs africains a appelé à la mise à disposition de 1 300 milliards de dollars par an de financement climatique à partir de 2025.
Reconnaissant que les nouvelles estimations du Rapport sur le déficit d’adaptation (AGR) de 2021 indiquent des coûts cinq à dix fois supérieurs aux financements publics actuels pour l’adaptation, Africa 21 appelle à une augmentation substantielle des contributions financières de diverses sources pour l’adaptation climatique dans les pays en développement et en particulier en Afrique.

Processus intergouvernementaux et contributions de la société civile
Exprimant son soutien à la Déclaration de la société civile à la CNUCED XV, aux contributions du Groupe de la société civile sur le financement du développement au Groupe intergouvernemental d’experts sur le financement du développement de la CNUCED, Africa 21 estime que pour se redresser de manière inclusive, résiliente et durable, les pays développés doivent respecter leurs engagements pris dans le cadre de divers instruments multilatéraux tels que le Programme d’action d’Addis-Abeba, l’Accord de Paris et l’Agenda 2030.
Alors que l’année 2022 marque les vingt ans de la première Conférence internationale sur le financement du développement qui s’est tenue à Monterrey, au Mexique, en mars 2002, Africa 21 appelle à un rôle actif de la CNUCED lors du prochain Sommet des Nations unies sur le financement du développement/Monterrey+20, comme l’expriment les contributions du groupe FfD de la société civile. Un tel sommet n’a jamais été aussi urgent étant donné les besoins de financement dans le contexte de la pandémie de COVID-19, et des sommets futurs, y compris le Sommet social de l’ONU proposé en 2025 qui ne pourra réussir que si les réformes du système financier mondial sont avancées.

Nous vous remercions.

Genève, le 23 mars 2022